Gardiens

Projet : Lauragais dans les arts // Didier Lesterps

Patrimoine, figures, catégories, porosité

A l’origine, un appel à projet de Pays Lauragais autour de la notion de patrimoine en Lauragais. Répondre à un tel appel c’est faire coexister mes propres contraintes avec celles inhérentes à la commande, en d’autres termes il s’agit de poser (et tenter d’y répondre) mes propres questions aux côtés de celles initiant le projet.
Comment alors aborder photographiquement le patrimoine local sans s’approcher ne serait-ce que dans sa périphérie d’un pittoresque considéré en l’espèce comme «risque majeur» ?
Ainsi, mon attention soutenue (obsession ?) pour les lieux ‘‘du bas côté’’, pour la porosité des catégories photographiques – le corps comme architecture, le bâtiment comme physionomie – pour le dialogue muet entre les images, a ici trouvé le cheminement vers cette quinzaine de figures qui forment Gardiens.
Le patrimoine, indissociable idée à mon sens de celle de culture, pose avec évidence la question de la conservation de l’objet qui l’incarne, utopiquement dans son état initial et plus réalistement vers sa disparition programmée.
Là est le domaine des gardiens.
Les gardiens sont des figures au sens de celui que la psychologie assigne à cette ‘‘façon dont un élément individualisé et structuré se détache sur ce qui l’entoure’’. Les figures trônent, nous ne les voyons pas ou plus ou peu. A charge pour le photographe de les mettre en lumière, le court temps d’un face à face qui deviendra un autre temps de confrontation avec le regardeur/spectateur.
A l’arrivée de ce périple, nulle réponse pour moi, bien heureusement. Mes attentions soutenues (obsessions !) se sont nourries de nouvelles saveurs : rien n’est figé. Une idée pointe cependant, il n’est pas de patrimoine sans celles et ceux qui s’y consacrent et ceux-là c’est nous tous.
Didier Lesterps